*Livre reçu
Il y a un bogue dans le système en place. La cellule familiale des Savard en est bien consciente. Daphné, la cadette, en subit les conséquences au quotidien. Voilà pourquoi le piratage informatique devient son outil de prédilection. Elle est prête à se battre pour Robin, son fils unique, qui doit absolument échapper à cette existence par défaut programmée pour lui.
Dans un monde où la performance dicte les règles, le taux de rendement global atteint un sommet inégalé. Toutefois, il ne suffit plus d’être le meilleur de sa catégorie. Pour obtenir une position enviable, il faut être né parmi l’élite et y rester. Surtout, incarner à la perfection le profil du carriériste modèle sans jamais flancher. Le Parti communautaire optimal vise l’excellence dans tout.
Daphné est déterminée à trouver comment exploiter le prochain glitch. Le défi d’une vie est lancé! Sous le regard calculateur du célèbre Aaron Lazar et la menace constante de la milice Pare-Feu, la citoyenne ordinaire rêve du jour où chacun aura sa chance.
Cependant, enrayer les engrenages pour le bien commun ne peut se faire sans pertes. La témérité de l’héritière des Savard sera-t-elle suffisante pour lui permettre d’enfin caresser les étoiles? Et qui prendra soin de ses proches si elle est effacée des mémoires?
En toute transparence... il faut savoir que je ne suis pas friande de science-fiction dans le genre Star Trek, parce que oui, vieille chose que je suis, pour moi la Sci-Fi c'est Star Trek et Star Wars. Mais la Science-Fiction c'est beaucoup la technologie, surtout maintenant, avec les intelligences artificielles qui, on va se le dire, sont terrifiantes. Je ne comprends pas pourquoi il sort des jeux vidéos, des films, des séries, des livres qui montrent comment l'IA et la technologie peuvent mal tourner et que les corporations font tout en leur pouvoir pour qu'on en arrive là. Dans le premier tome de la série Sélection artificielle, c'est un peu ça, le questionnement. Dans une dystopie où la technologie est presque vénérée, que les robots, les changements corporels qui déshumanisent et la productivité inhumaine sont encouragés, voire même, obligés.
L'histoire et le worldbuilding de ce livre étaient exceptionnels. Bien que très grandement inspiré de l'œuvre de Huxley, Le meilleur des mondes, on a cette touche technologique qui ajoute une profondeur au récit et nous y immerge facilement. Honnêtement, si ça n'avait été que de l'histoire, ce roman aurait probablement été un coup de cœur. J'avançais ma lecture pour voir jusqu'où le PCO et la Communauté iraient. Jusqu'à quel point la déshumanisation peut s'aggraver. Parce que lorsqu'on vit avec des castes et un taux de rendement, que dormir dans les transports, sur le sol sale, soit synonyme de travail acharné et d'accomplissement, tu te dis que c'est grave. Et pourtant, on regarde notre société actuelle et on n’est pas si loin de cette dystopie. L'école qui crée de bons petits travailleurs, des personnes qui doivent avoir 2 à 3 emplois, l'anxiété de performance qui grimpe dans les taux un peu plus chaque jour. Bien se conformer à la société, à ce que demande le gouvernement de ses sujets. Au fond, on est déjà dans un monde affecté, il n'attend plus que la technologie prenne toute la place.
Cependant, même si ce livre comportait une histoire intéressante et un monde maitrisé, j'ai été extrêmement déçue.
La raison principale concerne la quatrième de couverture qui est, selon moi, très mal construite. On n’a pas un résumé du livre, pas du tout. Je peux cibler certaines scènes précises dans le roman, mais c'est loin d'être le contexte entier de l'histoire. Pire encore... la C4 nous spoile plusieurs fois. Et comme vous êtes déjà spoiler par la C4, laissez-moi vous expliquer pourquoi.
Déjà, on nous amène l'idée d'une Daphné adulte qui utilise le piratage informatique pour donner une meilleure vie à son fils Robin, dans une société qui veut de la performance, mais ne fait rien pour laisser les gens performer, le tout sous l'oppression du Pare-Feu et de Aaron Lazar.
Bon. Le livre commence avec Daphné qui a six ans. Elle devient adulte et ne tombe enceinte que vers la moitié du livre. Et elle tombe enceinte de son petit-ami de l'époque... Aaron Lazar. Donc, la quatrième de couverture nous donne le genre de l'enfant, son nom et nous laisse entendre que la relation entre Aaron et Daphné ne se terminera pas bien. C'est super, on est à la moitié du roman...
Ensuite, on nous présente Daphné comme une pirate informatique. Ce n'est pas faux, mais ce n'est pas vrai non plus, car elle ne fait aucun piratage pendant 80% du livre. Elle en fait un peu au secondaire, au collège et vers la fin. À aucun moment elle ne cherche les "glitch" à exploiter. Surtout pas lorsqu'elle se fait refuser par l'Université plus d'une 20ène de fois.
Aussi, le côté "rebelle" de l'histoire est vraiment en arrière plan, sauf vers la fin où tout semble se bousculer et tomber comme un garde-robe plein à craquer qu'on aurait ouvert d'un coup.
J'ai donc été un peu contrariée, puisque le livre n'était pas ce à quoi je m'attendais qu'il soit.
Et ça m'amène à la cause principale de ma déception (et de ma note au passage) : le rythme et la construction de l'histoire.
Je le dis et le répète : l'histoire était chef kiss sans hésitation. Le problème, c'est comment elle a été construite et présentée.
Les très, trop, nombreux sauts dans le temps ont failli m'achever. Et quand je dis très nombreux, c'est que le roman commence avec Daphné qui a six ans et se termine alors qu'elle est dans la 40ène. Robin nait vers la page 250 et est un adulte à la fin du premier tome. On pouvait avoir des sauts de quelques journées, mais aussi de quelques mois et quelques années. En un chapitre, 5 sauts dans le temps, puis BAM l'autre chapitre se passe 4 ans plus tard. En tout, presque 7 années se sont écoulées en exactement 20 pages.
Ces sauts dans le temps incessant m'ont donné l'impression de zapper la vie des personnages comme on zappait les chaînes de télévision dans le début des années 2000. Impossible pour moi de m'attacher à eux ou de bien percevoir leur évolution, car on avait que des bribes de leur vécu. Daphné passait d'un âge à l'autre sans qu'on approfondisse ses émotions. Certes, c'est de constat avec le récit, mais les personnages étaient, pour moi, de véritables robots.
Je n'avais aucune empathie, aucune joie, aucune tristesse pour eux, car au fond, je ne les connaissais pas du tout ! Mamie Doris, Dionne, Drew, Daphné, Robin, Aaron et tous les autres personnages qui disparaissent au moment où on en a plus besoin dans l'histoire... comment les apprécier et s'y attacher si on ne fait que sauter sans arrêt à des moments importants de leur vie sans se soucier du reste ? Les émotions, elles sont où là-dedans. Les réflexions passaient donc comme sorties de nulle part, parce qu'on venait de passer six mois entre les deux parties du même chapitre. Et deux ans ensuite. Ainsi de suite.
J'ai donc terminé ma lecture légèrement frustrée et déçue. Déçue parce que le potentiel est là ou du moins, l'était. J'adorais l'histoire, le monde créé, la technologie, les morales, les réflexions. Mais avec une construction comme ça, impossible pour moi d'apprécier le roman dans sa totalité. Ça manquait, ironiquement, d'humanité.
Je suis tout de même curieuse de lire ce qui sera fait dans le deuxième tome, car pour moi, la finale de celui-ci pourrait être considérée comme un tome unique avec une fin ouverte. Il y a des possibilités avec Robin, la cause, la rébellion contre le PCO, mais ça pourrait aussi très bien se terminer là sans que j'aie l'impression de manquer une énorme part de l'histoire, voire même la "fin". C'est un bon et un mauvais côté, je dirais, mais c'est à voir. Voir où la partie 2 veut nous amener.
Je terminerais en disant que je suis tout de même satisfaite du travail effectué sur le livre. Sur le worldbuilding, les détails, la révision. Le livre en soi, si ce n'était pas de sa construction au rythme essoufflant, aurait facilement pu être un coup de cœur par sa complexité et sa conformité.
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