top of page
Photo du rédacteurMione

Le droit de tuer

*Livre reçu

Peut-on vraiment se soustraire à la colère ? À ce feu qui ronge et détruit nos pensées les plus saines ?


Est-il possible d’ignorer ce sentiment d’injustice lorsque l’on se fait voler sa propre liberté ?


Sous les coups, les insultes et la manipulation, Charly Lambert devra rapidement réécrire le courant de sa vie. N’ayant plus la force de se battre ni de se défendre, elle découvrira une solution des plus radicales.


Vivant à Meurtricia, la jeune fille réalisera rapidement que cette ville n’a rien de commun aux autres. Offrant le droit de tuer, celle-ci permet de retirer la vie à un être humain, une seule fois au cours de son existence. Le feriez-vous ?


Pourriez-vous vivre avec les conséquences qui en découleraient ?


Peut-être que la descente aux enfers de Charly vous offrira des réflexions que vous n’auriez, jusqu’alors, jamais eues.


 

En toute transparence... lorsque j'écrivais la critique sur Goodreads, j'ai hésité sur la note à donner, à cause du feeling d'après lecture. Dans ma tête, je donne au livre la note de passage, disons de justesse. Le genre de note qu'un professeur de français donne 60 parce que pour 2-3 points, ça ne vaut pas la peine de faire couler l'examen à son élève. C'est le sentiment que je ressens en ce moment. A pour l'effort, D pour le résultat.


Attention, cette critique contient de nombreux détails sur l'histoire.


Donc... le livre contient une idée originale qui fait réfléchir sur le droit de vie ou de mort. Le dénouement est prévisible et la fin, assez cliché, mais on a une idée intéressante avec cette ville qui permet le droit de tuer une fois dans sa vie.


Charly est un personnage assez attachant qui, vers la fin, nous brise le cœur, lorsque la culpabilité la ronge (littéralement). J'ai bien aimé la construction narrative de la dernière partie du livre avec les passages en gras qui sont les pensées de Charly, sa noirceur. Une mise en page bien réfléchie pour mettre l'accent sur les conséquences psychologiques que peut avoir une décision. Peu importe laquelle.


Niveau écriture, ça allait. Un rythme assez rapide, des répétitions d'idées ici et là, mais le bât qui blesse : un manque de révision linguistique malheureusement flagrant si on a étudié dans le domaine. Certaines phrases comportent une syntaxe qui laisse à désirer ou qui n'a aucun sens, un ton qui change, etc. Je note tout de même l'effort de correction, malgré quelques fautes d'orthographe, on a tout de même une bonne cohésion narrative. La plume est assez simpliste, je n'ai pas plongé dans de grandes émotions en la lisant, peut-être parce qu'on était très en surface au niveau du vocabulaire. Avec des thèmes de santé mentale, surtout comme présentés à la fin du roman, les métaphores peuvent vraiment aider à augmenter la puissance des images qu'on souhaite partager au lecteur. Il y en avait, un peu, mais c'était plus dans un langage oral, donc, de mon côté, je l'ai moins ressenti à cause de ça. On peut facilement apprécier l'écriture de l'auteure malgré ces points. Sans être extraordinaire, elle est très loin d'être désagréable ou horrible.


Maintenant, le principal point qui a fait chuter mon appréciation. Et ça va être un très long point.


L'histoire, bien qu'originale, comportait d'importantes lacunes sur le réalisme du récit. Des trous immenses qui m'ont laissé le malheureux sentiment de lire un texte qu'on écrit dans un cours de français au secondaire sous l'étincelle de l'inspiration (d'où probablement le feeling que j'ai eu pour la note). J'explique mon point de vue.


La ville de Meurtricia est fictive et sa loi du droit de tuer aussi, bien évidemment. Bon, on comprend rapidement qu'on est dans un contexte totalement fictif où certaines libertés peuvent être prises. Néanmoins, il faut tout de même suivre un minimum de logique et de bon sens. Commençons avec l'élément principal. Charly rentre à pied de l'école, car ça lui fait du bien de prendre de l'air après les cours. Elle se fait agresser physiquement par Antoine et sa bande. Par agressé physiquement, je parle ici du fait que dans le livre il est décrit qu'elle reçoit et je cite "une avalanche de cailloux partout sur son corps" après s'être fait arracher son sac à dos, en plus de coups de pied. Le lendemain, elle sort de sa maison par la fenêtre pour ne pas que ses parents voient quoi que ce soit. À l'école ? Rien du tout. Personne ne parle de ses blessures qui ne sont pas mentionnées et, on dirait, inexistantes. Et ce lendemain, parlons-en. Est-ce que Charly décide de prendre l'autobus pour rentrer chez elle après l'agression de la veille ? Non. Elle décide de courir, mais elle finit quand même par se faire frapper à la tête avec un livre, perdre connaissance et se réveiller avec une note de menace qui lui demande si elle est vierge. Donc, évidemment que la troisième journée, elle va prendre l'autobus ! Je vous laisse comprendre ici que, non, Charly n'a pas pris l'autobus et est partie à pied pour se faire agresser une troisième fois de suite. Mentionnons aussi qu'Antoine la frappe sauvagement après l'avoir dénoncé et aucune blessure n'est mentionnée sur le corps de Charly. Bon, déjà, niveau réalisme, oui on est dans la violence, oui dans une dénonciation de relation toxique tout de même bien présentée, oui dans la naïveté de l'adolescence, mais l'histoire se déroule très vite, donc c'est un peu difficile à lire, je dirais. C'est trop... trop ? Si ce n'était que ça...


Dès le début du livre, on nous met la liste des règles de Meurtricia. Le point #6 est "À l'exception du règlement 2 [le droit de tuer], toute forme de violence est interdite". Charly se fait lapider, tabasser plusieurs fois, menacer. Même son père brise le nez d'Antoine à coup de cap d'acier. Lorsqu'elle se réveille à l'hôpital après un énième assaut de l'adolescent, des policiers viennent poser des questions à Charly, qui décide de ne rien dire sous prétexte que "les adultes ne l'aideront pas" grâce à la mentalité de son amie Sophie. Sauf que là, on n’a pas trop de temporalité au niveau de l'histoire, mais à ce que j'ai compris, les agressions se passent dans la même semaine. Car on parle sans cesse du "lendemain" ou "du jour suivant". Donc, Charly, normalement, devrait avoir des bleus, des traces de cette violence extrême qu'elle subit sur le corps. Bref, des preuves physiques des attaques d'Antoine que la police aurait pu arrêter à cause du règlement 6. Surtout que les parents de Charly étaient au courant et, pire encore, on nous dit dans le livre que les parents d'Antoine sont au courant de son comportement violent, car "il aime trop, mais incorrectement".


En gros, le gars vit dans une ville où il a le droit de tuer, ses parents savent qu'il est super violent, mais ils ne font absolument rien. Bref, détail. Charly avait juste à tout dire aux policiers. Mais, ça n'aurait pas fait une histoire où elle utilise son droit de tuer sur Antoine et est ensuite rongée par la culpabilité de son geste, parce que la pauvre mère du gars, qui n'a absolument rien fait pour contrôler son fils, pleure son enfant qui tabassait, stalkait et menaçait de violer une énième fille dont il était "amoureux" après l'avoir regardé 5 secondes et demie.


Malheureusement, je n'ai pas terminé sur le manque de réalisme. Tout ça est sans compter toutes les informations derrière le droit de tuer. Charly et Sophie s'inquiètent que les gens sachent que Charly a utilisé son droit... Je peux comprendre dans un sens, car tu peux recevoir une vengeance à la gueule assez rapidement. C'est un peu la réflexion que le livre montre, outre la culpabilité, ça peut être un cercle sans fin. Je tenais à mentionner cet élément. L'affaire, c'est que tout le monde devait savoir qu'Antoine violentait Charly. Incluant les enseignants. Charly et Sophie, deux adolescentes, sont allées acheter des allumettes et de l'essence (qu'elles ont mis dans leur sac, encore là, manque de réalisme) au dépanneur et bizarrement, la même journée, le bureau du directeur de l'école où vont ces mêmes adolescentes brûle avec un élève enfermé dedans, ce même élève qui tourmentait l'une des filles qui ont étrangement acheté de l'essence ce jour-là. Mais personne ne se pose de question, car il était écrit "incendie accidentel" sur le rapport de la mairie après que Charly ait remis son formulaire de droit de tuer. Bref, vous voyez ce que je veux dire ?


Je comprends le but de créer une histoire, un thriller, un mystère. Mais quand le manque de réalisme est aussi flagrant... c'est difficile de pouvoir savourer complètement une histoire. Chaque petit détail compte, surtout dans un genre comme l'horreur ou le policier. Tous ces détails, ces trous, ces lacunes ont vraiment impacté ma lecture. Même les filles qui cachent l'essence près du bureau du directeur, où, comment ? Comment Sophie a pu enregistrer le dernier message d'appel au directeur et le faire jouer à l'interphone sans que personne ne les voie ? Bref #2. Disons que ce manque de réalisme était juste trop... trop. Again.


Je comprends que la littérature est un divertissement et qu'il ne faut pas toujours penser aux détails, juste y aller avec le flow, s'imaginer, remplir les trous soi-même, mais j'ai beaucoup de mal avec cette mentalité. Le livre aurait été vraiment meilleur avec une bonne révision éditoriale et linguistique. Avec une plus grande réflexion des détails pour qu'on puisse vivre le récit, être percuté par le message important qu'il transporte. Un roman avec un potentiel énorme, mais qui n'a pas livré un résultat méritant plus que la note de passage.


 


Posts récents

Voir tout

Comments


En.png
bottom of page