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Photo du rédacteurAnn-Julie Pageau

Mémoires d’orage : Fille du pays T.01 de Jérémie Bourdages-Duclot

⭐ Service de Presse ⭐

TITRE : Filles du pays

SÉRIE/STAND-ALONE : Tome 1 sur 5

AUTEUR : Jérémie Bourdages-Duclot

MAISON D’ÉDITION : Éditions du Bouclier

ANNÉE : 2022


GENRE LITTÉRAIRE : Fantasy

NOMBRE DE PAGES : 288

LU EN ANGLAIS/EN FRANÇAIS : En français

ORIGINE : Québec

PUBLIC CIBLE : 13 ans et +


RÉSUMÉ :

Chaque enfant des Îles naît dans le fracas du tonnerre.


Il naît dans le claquement des volets oubliés, dans le grondement des averses et l’éclat d’une déferlante sur la côte. Un grand pin, une corniche ou un morceau de falaise s’effondrent à chaque poussée de la mère en douleur. Animé d’une volonté propre, mon pays tout entier s’y met pour engendrer cette nouvelle âme.


Certains disent que nos femmes accouchent en silence. C’est évidemment faux. Ce n’est qu’après la naissance et ses affres, en enlaçant leur nouveau-né, que les mères de mon pays se taisent. Elles contemplent les yeux dorés de leur enfant avec un équilibre de tendresse et de regret. C’est qu’elles viennent de donner vie à un autre loup en laisse, attaché au cou par cinq siècles de servitude.


Comme ailleurs, nos enfants grandissent. Ils peuvent mener une vie tranquille, répéter les mêmes gestes chaque jour sans jamais ramasser un pavé pour le lancer au visage du destin. Mais, jusqu’à leur dernier souffle et en ignorant pourquoi, ils se rappelleront le vacarme puissant de leur naissance, quand les montagnes, la mer et le ciel œuvraient à les envoyer sur Terre.


Lorsque j’entendis cet écho pour la première fois, j’étais une gamine de dix ans, pourchassée par d’innombrables ennemis sur les routes de mon pays occupé. Cassandre m’a souvent dit d’écrire. Pour raconter ma vie, notre vie.


Ce que fut le monde avant l’orage.


MON AVIS :


Le premier tome de Mémoires d’orage nous plonge dans un pays fictif marqué par le colonialisme et toutes les morts, les douleurs et les peines que les conquérants ont engendrées avec leurs actions barbares. Un endroit qui n’existe pas dans notre monde actuel, mais qui fait écho à des réalités que l’on connait et à de véritables événements survenus en Amérique et partout à travers le monde où les colons ont mis les pieds pour s’approprier des territoires et des peuples sans se soucier des torts causés. Cette dimension sociale m’a interpelé immédiatement et, sans être moralisateur dans son ton, l’auteur parvient à nous faire comprendre et voir les préjudices subis.


Mais l’auteur ne s’arrête pas là dans l’étalage des enjeux sociaux, il se tourne également vers les droits des femmes. Dans le roman, les femmes qui vivaient sur les Îles étaient respectées. Avec l’arrivée de l’Empire, force conquérante qui domine maintenant les Îles, les femmes ont tout perdu, devenant ainsi soumises aux hommes. Une citation du roman illustre bien ce propos :



« Il n’était pas naturel, disait-on, de laisser le corps d’une femme à elle-même; il lui fallait les mains de la société impériale pour la pétrir au travail, la vêtir jusqu’au cou, ou la déshabiller dans la lueur vacillante d’une chandelle. » (p. 242)


Cette citation n’est que l’une de celles que j’ai pu relever dans le roman et qui se transposent bien dans la « vraie vie » malheureusement. Tout au long de ma lecture, j’ai pu faire des parallèles avec l’histoire des femmes et du féminisme qui est un sujet qui m’interpelle beaucoup. J’ai eu des frustrations intenses à certains moments (particulièrement dans les scènes avec les Duvarois et leur petit Paul, ce monstre en devenir).


C’est en usant de ces deux contextes sociaux qui sont présents dans l’Histoire de notre monde et, déplorablement, encore aujourd’hui, que les personnages évoluent. Juste pour cette raison (mais il en a d’autres !), j’ai embarqué dans le récit et je le recommande. Cette façon d’utiliser la fiction pour montrer toutes les facettes de ces réalités est pour moi bien réussie. Moi-même féministe et fervente de l’égalité pour tous et toutes, ça ne pouvait que venir me chercher. J’ai eu des moments de colère en lisant certains passages et un sentiment de victoire à la lecture d’autres pages.


En dehors de ces aspects importants sur lesquels repose le récit, l’histoire est finement construite. J’ai adoré que le personnage principal nous raconte son histoire sous forme de mémoire plusieurs années plus tard. De ce fait, le récit est ponctué de phrases qui nous rapportent au présent d’Isabelle, l’héroïne, et qui lui permet de faire des liens avec des événements dont nous, les lectrices et lecteurs, n’avons pas encore été témoins. Ça permet également d’avoir accès à des bribes du passé de plusieurs personnages tout au long du récit et de s’attacher davantage à eux. C’est un élément qui m’a accroché à cette lecture, et qui, pour moi, la différencie des autres romans du même genre. Cette dimension apporte une couche supplémentaire à l’intrigue et on a envie d’en savoir plus sur les événements qui vont survenir.


Mon personnage préféré est sans conteste Cassandre. C’est un personnage qui incarne la force de caractère propice à soulever des peuples. Je l’aurais suivi jusqu’au Cap-aux Orages sans hésiter. Son charisme transparaît à travers les pages. Les personnages de Rivière avec ses mystères et Camille et son passé tragique m’ont aussi plu et j’ai hâte de les revoir dans les prochains tomes.


L’auteur arrive aussi à nous captiver avec le mystère entourant la mort de la mère de notre héroïne (ce n’est pas un spoiler, ne vous inquiétez pas !). On veut comprendre ce qu’elle tramait et la fin nous en révèle juste assez pour que l’on veuille en découvrir plus.


Ce roman est une belle découverte et j’ai apprécié la plume de Jérémie Bourdages-Duclot. J’ai très hâte de lire le prochain tome et d’embarquer une fois de plus sur ses Îles aux températures orageuses et aux habitants aux yeux dorés.


 

Couverture/résumé : La couverture est magnifique et met bien en scène les personnages que l’on suivra tout au long du roman, avec en premier plan Cassandre. Les couvertures des Éditions du Bouclier sont toujours magnifiques.


Univers/personnages : Bien que ce soit un monde créé de toutes pièces, on perçoit des ressemblances, principalement avec l’histoire des Premières Nations victimes de la colonisation. Les territoires sont décrits et expliqués clairement. J’adore que l’auteur prenne le temps de nous présenter le passé des personnages à travers le récit qui prend la forme des mémoires du personnage principal, Isabelle.


Début du récit : On entre immédiatement dans l’action avec le premier chapitre et on comprend tout de suite l’enjeu du roman. Même si les endroits détaillés n’existent pas, on embarque rapidement.


Fin du récit : La fin du roman nous laisse avec tellement de doutes et de mystères que je regrette de ne pas avoir le second tome entre les mains. À quand la parution ?


Note générale : Je vous recommande de vous plonger dans ce roman qui marie habilement colonialisme et féminisme sans être moralisateur et qui vous entraîne dans une épopée palpitante.


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