Rêves et Cauchemars d’Alexandre Charbonneau (Éditions ADA – Collection Panache)
Droite ou gauche? Pour la plupart des gens, un choix anodin. Vous êtes dans une nouvelle école, perdu, et si ce n'est pas le bon corridor, vous essayez l'autre, tout simplement. Vous devez rejoindre des amis dans un pub et vous êtes incertain de la route? Ce n'est pas grave, vous demandez votre chemin. Un choix plutôt banal qui ne vous coûtera au pire qu'un peu de temps. Ici, c'est différent. Ici, peut-être que la droite mènera à une jouissance infinie, une euphorie totale, mais éphémère, qui rendra ensuite la vie bien morne et misérable. Le chemin de gauche, lui, mènera peut-être à une souffrance insoutenable, une longue agonie constituée de chaos et d'épouvante. Et quand tout cela se répète indéfiniment, quand il n'y a pas de possibilité de faire marche arrière et quand, au bout du compte, c'est le hasard cruel qui décide lequel de ces deux enfers il faudra affronter, tout que ce qu'on espère au final, c'est de ne pas y laisser derrière, à l'embranchement, la raison. Car en perdant la raison, on perd aussi l'envie de se battre.
Voici l'histoire d'un adolescent dont les nuits sont hantées de cauchemars inquiétants; Cauchemars qui ne s'évanouissent pas toujours aux premières lueurs du jour...
À ne pas lire avant de s'endormir!
J’ai pris ce roman d’Alexandre Charbonneau après avoir découvert sa plume pour Dévoria : L’épée de la Gloire. J’ai été contente de connaître Dévoria avant, car je ne doute pas un moment qu’un lecteur ne connaissant pas l’auteur, qui débute par Rêves et Cauchemars vont soit le prendre pour un génie, soit un malade. Peut-être un peu des deux tout dépendant la personne. Moi, je suis dans cette troisième catégorie et laisser moi vous expliquez pourquoi.
Pour la biographie de l’auteur, je vous réfère à ma critique sur Dévoria : L’épée de la Gloire.
Rêves et Cauchemars, qu’est-ce que c’est ? En fait, c’est l’histoire de Léandre, un jeune bien ordinaire, un peu geek sur les bords qui a un groupe d’amis que certains trouvent étranges, mais qui ont un rythme de vie normal, dans une école normale et des profs normaux. Le problème se passe la nuit, quand Léandre dort et qu’il se retrouve projeté dans une copie de sa propre chambre et qu’il se voit obliger de faire un choix : l’escalier droit ou l’escalier gauche ? Un mène à un rêve, l’autre à un cauchemar. Bien qu’il soit épuisé et qu’il trouve ça de plus en plus difficile, il s’est habitué à son sort. Du moins, jusqu’au moment du début du récit.
En fait, le personnage de Léandre se trouve confronté à une rupture entre les rêves et la réalité, c’est ça l’histoire de ce roman. Lorsqu’il se réveille, il a les blessures de ses combats oniriques (pour reprendre le terme utilisé souvent par l’auteur) dans la réalité, ce qui ne se produisait pas avant. Les choses se mettent à changer autour de lui et à devenir de plus en plus étranges, mais le pauvre est coincé et il ne sait pas quoi faire.
Avez-vous essayé de ne pas dormir pendant plusieurs jours de suite ? Léandre oui. Flash news : ça ne finit pas bien. Et les gens, avant de le proposer, la drogue, c’est non.
Donc, l’histoire est mise en place et on avance dans le récit et… on ne comprend pas ce qui se passe. Je suis vraiment honnête, je ne comprenais rien. Entre les personnages qui sont dans les rêves et ceux de la réalité, entre les entités à démasquer (Erd, le clochard et Betrug), ça peut devenir complexe à la lecture. La fin est déstabilisante et en termes de point d’interrogation, vous n’aurez pas plus gros dans le front. En vérité, après avoir discuté avec l’auteur pour comprendre un peu plus, j’ai compris des choses qui m’avaient échappé à la lecture. Je le remercie pour ça !
C’est un livre qui mélange le lecteur, qui le fait douter de sa réalité et... c'est bon ! Un livre qui nous mélange ne devrait pas être bon, alors qu'ici, c'est ce qui construit le récit, c'est ce qui amène une réflexion ! Mais tout ça, je crois que c'est à cause d'une seule chose. J'arrive au point important concernant la plume de l’auteur.
Dans son tome de Dévoria, j’avais adoré les scènes de rêves avec énigmes, j’avais trouvé ça impressionnant. C’est une pichenotte comparée à Rêves et Cauchemars. C’est tellement détaillé, explicite, construit, c’est vraiment impressionnant. Chaque détail va en impacter un autre, chaque parole peut être douté sans que nous, le lecteur on le sache, tout ce qui se passe nous est précis, sans l’être. En plus, l’auteur utilise à certains moments des mots assez complexes que j’avoue moi-même ne pas avoir tout compris leur sens, alors qu’à d’autres moments on est dans quelque chose de beaucoup plus léger. Alexandre Charbonneau joue un jeu avec le lecteur de son roman dont il manie les ficelles avec grâce. Il va t’apporter là où il le veut et te faire comprendre ce que tu dois comprendre. Si tu es malin, tu liras entre les lignes et dans les sens. Moi, j’ai perdu la partie. L’auteur avec ce livre a montré un talent inouï pour la construction d’un univers et encore plus pour la mise en scène. Du véritable génie. Cependant, j’aimerais pouvoir lui dire : « Mais t’es complètement malade en vrai ? ». Avec une touche humoristique, quand même, vous me prenez pour qui ? C’est tellement irréel et fou que je ne peux pas croire que l’auteur n’est pas un peu psychopathe envers ses lecteurs.
Tantôt j’ai dit que la drogue, c’est non. Si vous vous demandez à quoi ressemble un trip de LSD, lisez Rêves et Cauchemars. Pas besoin de faire de drogue pour vivre l’expérience, je vous assure.
Bon, pour reprendre du sérieux, l’ambiance est assez impressionnante et en même temps, très lugubre. Même dans le début du roman, même dans les rêves, il y avait toujours cette sensation d’être dans un sous-sol de château médiéval avec une torche. C’est comme ça que je me sentais quand je lisais le livre. C’est étrange et pourtant, ça fonctionnait pour moi.
Pour les personnages, il y en a plusieurs. Les personnages « réels », je dirais que Louis est mon favori. Peut-être parce que les autres sont plus en retrait, je ne sais pas. Gabrielle, Victor, Daniel, ils servaient, mais plus dans les rêves comme « lyte » que comme amis dans la réalité… J’ai adoré les « professeurs » dans le cauchemar qui est, je crois, le plus gros chapitre du roman. Le plus intéressant et aussi celui avec le plus d’action! J’ai vraiment adoré voir les différences qui se sont posées, les références aux divinités, c’est impressionnant de voir l’imagination qui se développait encore plus à chaque page tournée. Quand on pense que c’est fini, il y en a encore ! Normalement je déteste les trop longs chapitres, alors que celui-ci, je m’en suis à peine rendu compte !
Quand on comprend la fonction de chaque personnage et l’histoire dans toutes ses parcelles, c’est aussi se rendre compte qu’on a un chef d’œuvre entre les mains.
Je ne peux pas trop en dire, car ça serait gâcher l’expérience de lecture qui vaut, à mon avis, vraiment la peine. Si vous voulez un roman différent, qui sort des sentiers battus, qui donne vraiment une ambiance étrange. En gros, un bon livre « fucké », c’est fait pour vous ! C’est vraiment un livre que je conseille de lire au moins une fois. Deux si vous n’avez pas compris la première fois !
Note finale :
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