Laissé à lui-même par sa mère partie avec quelqu’un d’autre et son père toujours absent, Sam avance dans sa vie comme un somnambule. Sur le point de terminer son secondaire, il peine à rester éveillé à l’école, où il ne se rend que pour la forme et pour rassurer son meilleur ami, Munger, et Mia, sa blonde, de qui il s’éloigne petit à petit.
En toute transparence... voici un autre livre de chez Leméac Jeunesse qui fesse dans le dash. Par ses thèmes, mais aussi par les mots de l'auteur. J'avais adoré Carreauté Kid et je me suis précipité sur celui-ci dès sa sortie en librairie.
J'ai tellement eu envie de prendre Sam dans mes bras pis d'y dire "ne fais pas ça, je vais m'occuper de toi, moi". Il me faisait extrêmement pitié et j'étais tellement en colère contre ses parents. Sa mère avait le droit de refaire sa vie, mais pas en laissant consciemment son enfant à un alcoolique qui est sur la route la majorité des jours de la semaine. Ce que Sam a vécu, c'est un abandon parental des deux bords et c'est enrageant. Car il n'y a rien de normal à ce qu'un adolescent se prenne une job de soir et de nuit pour pouvoir avoir du pain et manger. Sam, c'est un ado fatigué par le poids des responsabilités d'adulte, alors que c'est encore un enfant qui se cherche. Ça m'a brisé le cœur.
J'ai appris avec le temps que faire des comparaisons entre des œuvres, ça ne se fait pas, mais j'ai besoin de m'exprimer. En écrivant mon propre roman adressant le sujet de l'itinérance, je présente le sujet avec un abandon parental. Mon personnage, Elliott, un peu comme Sam, est déterminé à faire comme si tout va bien et continuer sa vie. Mais, plus j'avançais dans le récit de Sam, plus je me disais que c'est ce qui aurait pu arriver à Elliott s'il avait fait de mauvais choix, par épuisement de cette vie de marde. Par écœurantite des adultes qui ne sont pas dignes de confiance. Ces adultes qui abandonnent. En lisant Fatigué mort, je repensais à mes propres recherches, aux témoignages que j'ai lus. Des Sam, des Elliott, il y en a trop. Et c'est quand on est face à ça, dans un livre ou dans la vraie vie, qu'on se dit que, quelque part, notre société a échoué. Sam, c'était mon petit Elliott. Il m'a fait pleuré, il m'a fait ragé, mais je l'aimais comme si c'était le mien, lui aussi. J'ai pu encore plus connecté avec l'histoire grâce à ça.
Et c'est la raison pour laquelle j'ai frappé un mur en arrivant à la fin du livre.
Il manquait des pages. La fin est extrêmement sèche et l'histoire n'est pas du tout terminée. Je pensais que ma copie faisait défaut, que l'imprimeur avait oublié les 2 ou 3 derniers chapitres du roman, mais non. Le livre est bel et bien construit comme ça. Malgré un rythme rapide tout au long du récit, on se retrouve avec une finale précipitée, autant dans les actions que dans les pensées de l'adolescent. L'histoire ne se conclut sur aucune résolution. Pas sur sa situation avec ses parents ni ses déboires judiciaires et criminels. Ça finit juste comme ça, au tournant d'une page. Et c'est ce qui a gravement affecté mon appréciation, parce que malgré la légère évolution de Sam, chaque élément du livre, outre les retrouvailles avec la mère, mais même encore, reste incomplet et brouillon.
Je sais que la vie, c'est ça. On n’a pas toutes les réponses, tout ne se règle pas nécessairement, les choses se passent différemment. Mais j'espérais avoir un peu plus qu'une simple introspection de Sam dans une voiture, en route vers beaucoup de problèmes.
J'aurais aimé un peu plus d'espoir. J'aurais apprécié fermer le livre en me disant que Sam est en sécurité et qu'il va être correct. Mais ce n'est pas ce qui est arrivé.
Alors mon cœur saigne encore pour ce personnage fatigué mort.
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