top of page
Photo du rédacteurMione

Ci-gît Margot de Marielle Giguère


TITRE : Ci-gît Margot

AUTEURE : Marielle Giguère

ÉDITION : L'instant même


GENRE LITTÉRAIRE : Essai autofictif

NOMBRE DE PAGES : 142


RÉSUMÉ : Au commencement était un ventre de femme qui riait de voir la vie se gonfler de possibles. Puis, plusieurs femmes assemblées autour d’une autre qui pleurait : son arrondissement magique avait donné la mort. Dans ce cercle, on savait que la vie débutait dans le sang, pas dans une poignée divine pleine de poussière. C’était plus qu’un murmure, c’était un savoir inscrit en rouge dans les rides profondes des plus vieilles. Certains ont eu peur de ce qu’ils ne pouvaient pas comprendre ni partager, alors on a installé les éventrées dans le silence grinçant des chaises berçantes sur des galeries dont elles n’étaient pas les propriétaires. Leur mutisme rance est si bien devenu une habitude qu’elles ont oublié comment dire le tourment des genèses avortées. Dans ce récit, le ventre, c’est le mien. Par deux fois, il engendre la vie, et aussi souvent la mort. Je vais arracher au silence millénaire les mots qu’il faut pour le raconter.

 

MON AVIS :


J’ai lu ce livre il y a déjà plusieurs semaines. Je crois que j’avais besoin d’un peu de recul pour écrire la critique. C’est un roman fort en émotion et pour quelqu’un comme moi qui a toujours un lien amour-haine avec la maternité, je tenais à me plonger dans l’histoire de Ci-gît Margot qui parle d’un très gros sujet tabou : le deuil périnatal.


À travers son roman, l’auteure parle de Margot, cette petite fille qui a perdu la vie après une erreur professionnelle qui a causé une hémorragie dans le placenta. La préposée a blessé Margot et lui a enlevé son premier souffle sur terre. La narratrice parle également de fausse couche, un autre sujet tabou. On dirait que tout ce qui touche de près ou de loin la parentalité, il faut se taire. C’est trop sensible, trop délicat. Pourtant, tellement de femmes vivent avec un mélange d’émotion pas toujours joyeux durant leur grossesse et après. Dans ce livre, les hommes ont moins leur place, car c’était un récit d’une femme à sa fille, mais il ne faut pas négliger que les papas aussi vivent leur deuil à leur manière.


L’écriture de Marielle est soutenue et métaphorique, parfois difficile à comprendre, mais surtout puissante et empreinte d’une douleur que beaucoup trop de personnes peuvent s’identifier. On ressent sa colère, absolument légitime, vu les circonstances horribles de la mort de sa fille. Son œuvre parle de douleur, de perte et de deuil, non seulement de Margot, mais aussi de ses autres enfants. Non pas qu’elle ne peut pas en avoir d’autres, mais du fait que ce ne sera plus jamais pareil. L’anxiété, la peur, elle est installée dans les pores de sa peau. Ça n'empêche pas le récit de parler d'espoir, de la joie des petits moments et surtout de la force des femmes. Invaincues, toujours debout. Le monument des souvenirs de ces enfants disparus.

J’ai adoré tout ce que constitue ce livre. Les passages où elle parle des femmes d’autrefois, en comparaison à celles d’aujourd’hui. À ces femmes qui devaient enfanter parce que c’était leur rôle. Que personne ne leur laissait faire de deuil ! Si un de leur enfant naissait mort-né ou était perdu lors d’une fausse couche, le petit était jeté dans le foyer et on lui disait de se dépêcher à en faire un autre. N’est-ce pas horrible ? J’en ai des frissons rien qu’à y penser… Le contact humain vis-à-vis la parentalité devrait être la chose la plus délicate et simple qui soit, mais il y a trop de détournement de regards, trop d’acquis. La tristesse et les questionnements qui parsèment cette œuvre sont nécessaires pour qu’on puisse prendre un moment afin de réfléchir sur le regard qu’on pose sur ces sujets. Il y a encore beaucoup à faire, et, en attendant, beaucoup de femmes (et d’hommes) vivent leur chagrin en silence.


CITATION

Peut-être que les sorcières d'une autre époque, c'était seulement des femmes qui avaient perdu des bébés, des enfants, et qui n'en finissaient jamais de leur dire adieu.

Pour découvrir l'histoire de Margot dans ce livre de Marielle Giguère, clique sur le lien :





Posts récents

Voir tout

Comments


En.png
bottom of page