Mathéo fait des vagues
- Mione
- 31 janv.
- 8 min de lecture

Après avoir remporté une médaille en natation aux Jeux du Québec, Mathéo s'inscrit dans l’équipe de natation de son cégep. Il est vite accepté au sein du groupe, même si le comportement de quelques-uns de ses coéquipiers le laisse perplexe. Cependant, à force d'écouter les conseils de certains gars, il va fragiliser sa relation avec son amoureuse.
Parallèlement à cela, Mathéo est engagé comme sauveteur à la piscine d’un hôtel de luxe. Sur place, il est témoin de gestes déplacés de clients envers de jeunes femmes, dont une de ses collègues. Alors que la direction de l’hôtel ferme les yeux, Mathéo se demande: y aurait-il moyen de prendre les choses en main? Au risque de faire des vagues...
CRITIQUE
En toute transparence... autant j'avais adoré le premier livre, autant celui-ci n'a pas du tout fonctionné pour moi. J'aimerais laisser le bénéfice du doute à l'auteur qui aurait perdu son manuscrit, comme j'ai pu le lire dans les remerciements, mais ça n'enlève pas complètement mon ressenti lors de ma lecture.
Une chose que je ne cache pas du tout de ma personne, c'est que je ne suis pas féministe. Politiquement parlant, je suis une fille qui se penche vers le centre-droite, mais plus droite que centre. Et j'ai remarqué depuis un an, environ, que je commence à avoir du mal avec les œuvres "politiquement correctes". Les œuvres pour bien paraître, pour montrer qu'on est un "allié", pour montrer qu'on évolue en tant que société ! Et la majorité me donnent le ick. Le petit frisson dérangeant, la petite envie de sacrer le livre au bout de mes bras.
La majorité c'est pour une raison simple : la caricature des stéréotypes. Parce que oui, autant les "hommes" stéréotypaient les femmes, maintenant, le féminisme et la vague de gauche s'amuse à faire le contraire. Mathéo fait des vagues n'échappe pas à cette règle.
Non seulement, on a un rythme rapide et répétitif qui donne l'impression que rien ne se passe durant l'histoire, on a également des scènes caricaturales et exagérées qui ne représente pas totalement la réalité.
J'ai deux exemples de ça.
Le premier exemple c'est le côté "allié" féministe de Mathéo qui voit du harcèlement sexuel au travail. Premièrement, sujet très important qui montre l'importance de dénoncer. Là-dessus, j'étais absolument d'accord. C'est comment l'histoire a construit ça. Les cas d'agressions à la piscine s'accumulaient (et je ne dis pas que ça n'arrive pas aussi souvent dans la réalité, juste que c'était un peu intense pour un aussi petit livre) et j'avais mal à ma féminité quand je voyais personne réagir. Figer, absolument. Avoir peur, bien entendu. Mais voir ces femmes dans le livre n'avoir aucun instinct de survie me donnait envie de m'arracher les cheveux. Tu es dans une piscine intérieur, il y a écho, il y a des gens. Des chambres ont un balcon qui donne accès à la piscine. Je ne sais pas moi... crie ? Un prédateur ne veut pas l'attention, il sait que ce qu'il fait est mal, il veut jouer dans l'ombre, avoir du pouvoir. Alerter autour de soi, car clairement quelqu'un va regarder, qu'il agisse ou non, va déranger le prédateur. Je trouvais que le livre peignais les femmes comme "de pauvres femmes sans défenses" qui ont besoin d'être sauvé par l'homme allié qui est présent et aide à dénoncer... On est pas sans défense et faible parce qu'on a un vagin. On a des cordes vocales. On a des bras et des jambes pour se défendre physiquement. Et même si je sais que plusieurs ne parlent pas, dénoncent pas, figent (et je ne jugerai jamais ces réactions), je sais aussi que ce ne sont pas toutes les femmes qui réagissent de la sorte. Mais le livre ne montrait que de "pauvres femmes" et ça m'a dérangé. Le but du féminisme, c'était pas de justement faire en sorte qu'on sorte des stéréotypes ? Parce que là, c'était dérangeant. Je veux bien croire que l'auteur a décidé de se passer lui et son personnage comme un "allié", but still. Déjà les "je suis fier que tu ai essayé" chaque fois que Mathéo expliquait la situation et son ressenti, ses actions. God... veux-tu une autre médaille pour avoir agi comme un humain Mathéo ? Que ce soit une femme ou un homme qui se fait agressé, qu'une femme ou un homme réagisse, c'est censé être la base. Aussi, que la "solution" trouvée par l'hôtel pour ces situations est d'imposer une tolérance zéro sur le harcèlement sexuel... I beg your pardon ? C'est déjà censé être le cas. Peu importe le milieu, peu importe le bâtiment, t'es dans la société, la tolérance zéro est DÉJÀ là. Non, mais tu parles d'une solution concrète toi... (La formation à l'équipe, ça oui, mais la politique là, ish...)
Le deuxième exemple, c'est le principe que les hommes sont tous des mardes absolues. Pis ça, j'haïs ça voir ça dans des livres. Je sais que là, encore sur les réseaux sociaux, y'a le principe de "ce n'est pas tout les hommes, mais..." sauf que je ne suis pas d'accord avec le fait de généraliser un sexe entier pour le comportement de certains. Est-ce que toutes les femmes sont des victimes et de pauvres femmes ? Non. Est-ce que les hommes sont tous des trous de cul et des prédateurs ? Non plus. Mais là, si un homme ne dénonce pas, ne parle pas, s'insurge pas, il fait partie du problème. Dans une situation réelle où il faut prendre position sinon il y aurait des conséquences, je suis d'accord. Mais à part de ça, on peut tu, homme et femme, juste avoir envie de se préoccuper de son propre nombril ? Parce que ça aussi, on y a droit.
Mais bref, on se ramasse avec l'équipe de sport de Mathéo. Ça va peut-être en surprendre beaucoup mais, vous savez, la gang de gars qui parle de ses baises dans le vestiaire ? Ça arrive beaucoup moins souvent dans la réalité que dans la fiction. Il y a des cons comme Édouard qui font des commentaires salaces et déplacés, qui ont des gestes obscène, absolument. Mais la masculinité toxique qui est dépeinte avec acharnement n'est pas aussi commune qu'on le croit. Certes, probablement plus au niveau du sport, comme on en a eu des exemples souvent, donc ici, je pouvais comprendre. Mais c'est qu'en l'additionnant au reste, ça faisait trop. Déjà, on a Derek le bully qui devient protecteur de ses pairs (en vrai, c'est un point positif, je l'ai bien aimé Derek), Raphaël qui n'ose pas parler, puis le reste de la gang de gars en fin d'adolescence, en peak hormonal qui parlent de cul. What. a. shocker. Ça n'excuse en rien le comportement abject d'Édouard et le fait que ses amis le suivent, un peu comme avec la pauvre serveuse du restaurant où la gang aurait mérité une claque, mais encore là, le principe de la pauvre femme qui n'a pas alerté collègue, patron, personne et qui a enduré avec un faux sourire, parce que c'est ce que les pauvres femmes font. Bref, je m'égare.
Donc, Mathéo est "influencé" par sa nouvelle gang d'ami pour coucher avec Fanny. Bon, ça fait un moment qu'ils sont ensemble, ils ont 17 ans, les hormones et les envies sont là, pour la majorité, disons que je peux comprendre Mathéo d'avoir envie. Comme je peux comprendre Fanny de ne pas être encore prête. Mais c'est comment tout s'est mit en scène qui m'a extrêmement dérangé. Est-ce que Mathéo écoute entièrement Fanny quand elle dit que ça va trop vite ? Non et il est en tort pour ça. Est-ce que Fanny était obligé de péter un plomb et faire le traitement du silence, car Mathéo, deux ou trois (je sais plus, la temporalité du livre est étrange) semaines après que Fanny lui ai dit ça, organise une soirée romantique en lui proposant de peut-être faire l'amour pour la première fois ? Oui et non. Oui, elle avait le droit d'être fâchée de ne pas avoir été écoutée, mais de là à bouder comme elle l'a fait, j'ai trouvé ça exagéré. Certains vont y voir de la pression mit par Mathéo, d'autres comme moi ne le verront pas complètement de cette manière. Personnellement, j'y ai vu un gars qui avait envie de quelque chose et qui l'a proposé à sa blonde avec une soirée romantique, sans obligation. C'est pas comme s'il l'avait piner sur le mur en y léchant le cou. Mais, en même temps, je peux comprendre que pour Fanny, ça passait comme une pression, car là si elle dit non, vient des questions, des frustrations, ainsi de suite. Surtout qu'elle lui avait dit que ça allait trop vite. Sauf que je pense aussi que c'est l'adolescence, pis les hormones, pis l'envie. Pas nécessairement un manque de respect.
Et ce que je n'ai pas aimé de cette situation là, c'est comment tout a déboulé. Fanny était en tort d'avoir réagit aussi fortement, surtout sachant qu'elle se questionnait et qu'elle aurait pu en glisser un mot à Mathéo sans faire nécessairement un coming out. Pis Mathéo était en tort de ne pas avoir pris le temps d'écouter les envies de Fanny et d'avoir juste penser à son envie. Le problème, c'est que, à nouveau, on était dans la caricature et l'exagération, donc Mathéo, qui n'a pas fait de quoi d'immensément grave, en vient à s'excuser en long et en large sur son comportement, du fait qu'il a été influencé, mais que ça n'excuse en rien, pis qu'il demande pardon. En gros, je l'ai vu pour un "Je suis désolé d'être un homme avec un pénis et des envies, j'ai été un trou du cul, comme tout les autres hommes de cette planète, parce qu'on pense juste à notre graine. Je m'excuse de respirer avec un pénis dans les bobettes". Et là, c'est peut-être moi qui exagère, mais c'est comme ça que je l'ai vu à ce stade parce que tout le long on nous dépeint l'homme comme une marde qui ne réagit pas, a des comportements toxiques, n'écoute pas, pense à sa petite personne et les femmes comme des victimes, des pauvres femmes sans défenses, non écoutées, mises de côté. Et c'est ça qui m'a énormément dérangé du livre au complet. Cette caricature stéréotypée des deux sexes. Dans quel but ? D'être un allié féministe ? Le féminisme c'est une égalité des sexes, pas de descendre un pour monter l'autre.
J'ai donc vécu énormément de frustration durant ma lecture, car les deux exemples ci-haut sont les éléments principaux de ce deuxième tome. Bien que j'ai apprécié qu'avec Marianne et Estelle on aborde la jalousie, la peur du jugement, l'anxiété, le manque de confiance en soi, ainsi que la rédemption de Derek.
Je crois que c'était trop... trop, comme livre. Trop avec un agenda, trop didactique, théorique, dans le but de montrer quelque chose, faire comprendre quelque chose, sans profondeur pour vivre les scènes, les émotions. Le rythme était trop rapide pour qu'on puisse vraiment être dans le moment et le manque de profondeur n'a pas du tout aidé à mon ressenti général des émotions et mise en situations du personnage principal.
Ainsi, autant j'ai adoré le premier tome, autant le deuxième n'a pas du tout été
a la hauteur. Je dirais même que c'était une suite non nécessaire qui, finalement, aurait pu finir dans les limbes que ça n'aurait rien changer à l'histoire de Mathéo. Savoir qu'il va y avoir un troisième roman me perturbe un peu et je suis encore dans l'incertitude à savoir si je vais le lire ou non.
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