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Photo du rédacteurAnn-Julie Pageau

Être auteur.e, est-ce un métier payant ?


Vu l’engouement autour du monde d’Harry Potter ou de Game of Thrones et de leurs auteurs pleins aux as, on pourrait facilement croire qu’être auteure ou auteur est franchement payant. Il est facile de s’imaginer comme J. K. Rowling dans une belle maison à Édimbourg, callé dans son divan à rédiger un livre alors que l’argent coule à flots et qu’on n’a rien de mieux à faire qu’écrire. Je vous arrête tout de suite, la vérité est tout autre.


Selon une étude produite par l’Union des écrivaines et écrivains québécois (UNEQ), le revenu moyen des auteures et auteurs s’élevait à 9 166 $ en 2017. 90 % des auteures et auteurs de cette étude avouent même ne pas atteindre un revenu annuel de 25 000 $. À noter qu’au Québec en 2021, le revenu nécessaire pour couvrir les besoins de base d’une personne vivant seule est de 20 767 $. Force est de constater qu’être auteur n’est pas un métier fort payant contrairement à ce que l’on pourrait croire de prime abord. On est bien loin des milliards de J.K. Rowling !





Mais quelles sont les raisons d’une si faible rémunération pour les auteures et auteurs ?


En fait, l’édition d’un roman est un travail d’équipe qui implique plusieurs intervenants avant que le livre ne se retrouve entre les mains des lectrices et lecteurs. Je vais m’attarder ici à la répartition des revenus entre les différents intervenants, mais, si les étapes de l’édition d’un roman vous intéressent, je vous suggère la lecture de cet autre article que vous pouvez trouver ici :

Celui qui reçoit le plus gros pourcentage des ventes est la librairie, soit 40 %. Pourquoi ? Il faut comprendre que les librairies sont celles qui ont le plus de coûts à couvrir. Il faut un local pour vendre des livres, des libraires et des commis qui ne travaillent pas gratuitement, de l’électricité pour faire fonctionner le magasin, de la publicité pour inciter les clientes et clients à dépenser leur argent et plus encore. Ainsi, pour couvrir les coûts associés à la vente des livres, il est normal que cette grande part du gâteau leur revienne.


Ensuite, il y a le distributeur. Mais qu’est-ce qu’un distributeur de livres ? Les distributeurs de livres sont ceux qui assurent l’acheminement des livres vers les points de vente comme les librairies. Ils sont responsables de tous les aspects logistiques, comme l’entreposage des livres ou les commandes. Le distributeur reçoit 20 % des ventes d’un livre. Sa part sert à couvrir bien sûr tous les frais de transport et de main-d’œuvre nécessaires pour assurer la distribution.


Puis, il y a la maison d’édition, celle qui accepte de publier le roman de l’auteure ou l’auteur. L’éditeur perçoit 30 % du prix de vente. Ça peut sembler beaucoup, mais l’éditeur investit son temps et son argent dans l’édition d’un roman. Il est certain qu’il doit obtenir de l’argent pour pouvoir payer toutes les ressources humaines qui passeront sur le roman, que ce soit la personne responsable de la révision linguistique, du graphisme, de l’impression ou des salariés de la maison d’édition. Plusieurs personnes travaillent d’arrache-pied à la publication d’un roman et ils doivent être rémunérés pour le travail qu’ils font.


Finalement, cela nous conduit à l’écrivaine ou l’écrivain. Si vous avez fait un calcul rapide, vous constaterez que la part restante est très petite. En effet, seulement 10 % des ventes d’un livre reviennent à l’auteure ou l’auteur. On pourrait se dire que ce n’est pas juste puisque le livre n’existerait pas sans l’imagination débordante de l’écrivaine ou l’écrivain et sans les nombreuses heures qu’il a passé à le rédiger. Cependant, même si je concède que la rémunération n’est pas à la hauteur du travail de l’auteure ou l’auteur, il est important de prendre conscience qu’il est celui qui assume le moins de coûts dans la chaîne du livre.


Il est toutefois possible pour les auteures et auteurs de négocier leur contrat pour obtenir plus en fonction du nombre de ventes qu’ils feront. Il existe aussi certaines maisons d’édition qui offrent un plus grand pourcentage aux auteures et auteurs que ce soit directement avec le contrat d’édition ou lorsque les ventes ont lieu sur le site web de la maison d’édition par exemple.

Par ailleurs, les versements des sommes dues pour les ventes n’ont souvent lieu qu’une seule fois par année. C’est très peu et il faut savoir tenir un budget serré ! Il est toutefois possible de recevoir un à-valoir, qu’on peut comparer à une avance, non remboursable. Cela permet à l’auteure ou l’auteur d’avoir une sécurité financière au moment de la publication de son livre.


Cela explique pourquoi les auteures et auteurs ont un faible revenu par année et les raisons qui les poussent à avoir plus d’un métier. En effet, rares sont ceux qui peuvent vivre de leur plume. Même si cela est possible — il ne faut pas se décourager non plus —, cela peut prendre du temps et beaucoup d’investissement personnel. Cependant, même si beaucoup souhaiteraient se consacrer entièrement à l’écriture, plusieurs trouvent le moyen de jumeler différentes passions ou d’évoluer dans le milieu du livre d’une autre manière. Les possibilités sont infinies !



Pourquoi alors faire ce métier ?


Oui, il peut s’avérer difficile de percer, d’être publié et même de gagner sa vie en exerçant le métier d’écrivaine ou d’écrivain. On pourrait se demander, à juste raison, pourquoi un individu voudrait se donner autant de misère pour faire un métier si peu payant. La réponse : la fameuse PASSION. Toutes les formes d’art sont influencées par cette passion qui émerge chez la créatrice ou le créateur. Cette passion le pousse, voir l’oblige carrément, à créer, à imaginer. Les arts ont cette force magique d’insuffler en nous une étincelle impossible à ignorer et qui nous contraint de créer.

Ça devient un besoin essentiel comme dormir, manger ou même respirer ! Ça chatouille nos trippes et, même si ce sentiment est accompagné de beaucoup de sueur, de sang et de sacrifices, il est impensable de le rejeter.


Les auteures et auteurs sont des êtres passionnés qui ont besoin de faire vivre des récits, de modeler des personnages, d’ériger des villes, de décrire des paysages et d’inspirer des générations. Et même s’il était préférable qu’ils soient rémunérés selon les efforts qu’ils mettent dans leur travail, je pense que la plus belle chose de leur métier est la capacité à transmettre des émotions et des idées aux lectrices et lecteurs. Ils influencent la vie et font avancer bien des débats et des idéologies.


La société a besoin d’eux, NOUS avons besoin d’eux !


Si vous voulez être auteure ou auteur, ne vous laissez pas décourager par la rémunération. Il a bien plus à tirer de ce métier et vous ne serez certainement jamais déçu de vous être lancé dans une si belle aventure.







 

Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à consulter les sources suivantes :


Inconnu. (2021). La MPC (Révisée !) : Un minimum. https://www.pauvrete.qc.ca/mpc-revisee-campagne/

Laurent, M. (2020). Ça gagne combien, un écrivain? https://www.youtube.com/watch?v=Z6EH5-Rh9Gw&ab_channel=MagaliLaurent

UNEQ. (2017). Le métier d’écrivain en voie de disparition au Québec comme au Canada.https://www.uneq.qc.ca/wp-content/uploads/2018/11/Resultats_sondage_UNEQ.pdf

UNEQ. La rémunération d’un auteur : Comment et combien ? https://www.uneq.qc.ca/question/la-remuneration-dun-auteur-comment-et-combien/

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